Mario Patry choisi ses mots avec précision, tiré d’un vocabulaire qu’on devine bien étoffé. Le ton est cordial, chaleureux. Il rebondit prestement d’un sujet à l’autre, se raconte avec le sourire dans la voix. Découvrez le parcours de vie de celui qui a été commissionnaire au Mûrier de 2017 à 2020 ; son histoire est une belle leçon de résilience.  

M. Patry a 58 ans. Auteur professionnel, il a pour formation académique une majeure en histoire et une mineure en cinéma; le 7e art semble d’ailleurs avoir fait intimement partie de la trame de sa vie. Grand cinéphile pendant une époque de sa vie, il a développé un intérêt particulier pour les trames sonores. Sa passion l’a même amené à écrire pour Séquences, la revue de cinéma fondée en 1955 (vous pourrez d’ailleurs lire quelques articles de sa plume ici) 

Après avoir été sur le marché de l’emploi pendant plusieurs années, M. Patry a vécu une période plus difficile. Les aléas de la vie l’ont mené jusqu’aux refuges d’urgence de l’Armée du Salut, où il a résidé temporairementC’est avec un grand soulagement qu’il a emménagé aux Appartements Papineau du Mûrier en 2015; il sait la chance qu’il a eu d’avoir rapidement une place en appartement supervisé. Iprofite d’ailleurs de notre entretien pour exprimer sa reconnaissance envers sa travailleuse sociale, Martine Montreuil 

Retrouvant une vie stable au sein du Mûrier, M. Patry a pu reprendre l’écriture. Il s’est également investi dans son milieu de vie, en prenant à sa charge le soin des plantes et des fleurs pendant l’été. C’est ainsi que le coordonnateur des Appartements Papineau, Francis Messier, l’a remarqué; il l’a référé aux programmes d’aide et d’entraide du Mûrier. « J’ai été précédé par mes références! Être assidu et ponctuel, ce sont des qualités appréciées par l’employeur. Je suis proactif, je prends ma médication, je me lève tôt. » 

Dans le cadre du programme de stage d’expérimentation au travail, on lui a confié le rôle de commissionnaire, qui consistait à livrer le courrier interne d’une ressource du Mûrier à une autre. Le Toit vert, les Appartements Papineau, la Maison des papillons, le Jalon, la Résidence Pie-IX; 3 fois par semaine à raison de 20 heures par mois, il arpentait la ville en métro et en autobus. Un trajet qui l’amenait dans plusieurs coins de la ville, des stations Fabre à Pie-IX en passant par le quartier Rosemont. Équipé de sa bouteille d’eau et toujours prêt à céder sa place aux personnes à mobilité réduite, M. Patry raconte qu’il profitait de l’occasion pour regarder le paysage et les gens qui l’entouraient.  

« C’était agréable! C’est sûr que quand il fait froid l’hiver c’est plus difficile attendre le bus, mais je me mettais à l’abri du vent et du froid. Le printemps, l’été et l‘automne, il ne reste que la pluie et le vent, ça allait très bien! »  

Son attitude positive faisait d’ailleurs beaucoup de bien à l’équipe du Mûrier ; « Il nous laissait toujours sur une note positive: « il pleut aujourd’hui, mais le soleil reviendra » », se rappellla coordonnatrice Guylaine de Tonnancour 

Le programme de stage d’expérimentation au travail lui permettait de gagner un revenu d’appoint intéressant; bien qu’il s’agisse d’une activité de bénévolat, M. Patry en tirait près de 200$ par mois, en comptant le titre de transport en commun.  

« J’étais bien heureux de représenter le Mûrier, comme ambassadeur! J’étais très choyé car le personnel était très, très gentil avec moi, toujours heureux de me voir. Je saluais tout le monde et je repartais rapidement. Ça m’a amené beaucoup de gratification personnelle. C’était peut-être un emploi alimentaire, mais il était très léger et très agréable; sur le plan humain, c’était très enrichissant. » 

Vous l’aurez remarqué, M. Patry parle de son expérience au passé. La pandémie a amené bien des changements au sein de l’organisation du Mûrier. Pour protéger les stagiaires, leurs activités ont été interrompues le 12 mars 2020. Les échanges et les contacts ont été réduits au maximumet l’équipe s’est initiée à de nouvelles plateformes numériques. 

« J’ai eu la chance d’être le dernier commis voyageur…j’ai été remplacé par des fax et des courriels! Mais ce que je retiens, c’est que mon expérience de travail au Mûrier a été la plus conviviale de ma vie. Mme Ginette Poisson, la responsable des ressources humaines, était très gentille et ricaneuse, la meilleure patronne à vie pour moi! M. Alex Chayer également. » – M. Patry 

M. Patry ne s’en cache pas, le confinement a été extrêmement pénible pour lui, sur le moral et la santé mentale. « Les murs sont proches; prendre le métro, sortir, ça aère l’esprit. » À tout le moins, il a été soulagé de continuer de recevoir, jusqu’en septembre, ses prestations de stagiaire de la part du Mûrier.  

Heureusement, son intervenante du Mûrier Erika Pontes Dos Santos lui a trouvé une place au Centre d’apprentissage parallèle de Montréal (CAP), un centre de formation professionnelle. En groupe, il y suit un programme de réinsertion professionnelle comprenant des ateliers, des exercices sur les dysfonctions cognitives, de l’art-thérapie. Il apprend beaucoup.  

Il se sent bien encadré par son équipe traitante, composée de son psychiatre, son médecin de famille, son intervenante et sa travailleuse sociale; il n’est pas laissé à lui-même. Les animatrices des ateliers lui ont confirmé qu’il s’était bien intégré au groupe et qu’il y était bien accueilli.  

L’objectif du programme est de trouver un emploi à temps partiel ou à temps plein. « À 58 ans, il me reste 6 ans et demi avant de prendre ma pension! ». Il continue donc de prendre des initiatives, et d’écrire. Il n’hésitera pas à saisir les occasions qui se présenteront dans l’avenir 

« M. Patry était consciencieux et assidu. Je tiens à le remercier pour son travail de commissionnaire! » – Guylaine de Tonnancour, coordonnatrice du Jalon. 

 

« Un grand merci M. Patry, pour votre dévouement et votre sourire toujours présent dans l’exercice de votre emploi de commissionnaire du Mûrier ces dernières années! Bonne chance dans vos projets futurs! » – Francis Messier, coordonnateur des Appartements Papineau 

Le Mûrier offre son programme d’expérimentation au travail à une vingtaine de participant(e)s par année. Qu’est-ce qu’un stage d’expérimentation au travail ? C’est un programme qui permet aux participants et participantes d’expérimenter une activité de production semblable à celles réalisées dans le cadre d’un emploi, mais en proposant des ajustements sur mesure. À titre d’exemple, les horaires et les tâches sont adaptées aux intérêts et compétences de chacun. Les participants profitent de cette opportunité pour dépasser leurs limites, créer des liens et réaliser des objectifs concrets au sein d’un cadre rassurant et compréhensif. 

Ces stages peuvent être réalisés au sein des services du Mûrier ou d’organismes partenaires. Il n’est pas nécessaire d’être résident(e) du Mûrier pour y avoir accès ; consultez votre intervenant(e) si ce programme vous intéresse.