Quand est venu le temps de trouver comment remercier nos 65 employés sans tenir notre traditionnel souper des Fêtes, nous avons pensé à plusieurs avenues plutôt « classiques ». Puis nous avons décidé de faire les choses autrement, pour encourager une entreprise d’économie sociale; nous avons finalement choisi de leur offrir des carte-cadeaux de la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM), qui a aidé la résidence du Toit Vert au pire de la crise au printemps.


Depuis mars, la CCHM a dû se réinventer. Pour veiller sur la sécurité alimentaire des personnes que la crise a fragilisées, 130 000 repas ont été préparés, livrés par des cyclistes bénévoles, remis à des organismes partenaires sur le terrain, pour rejoindre directement les gens qui en ont le plus besoin. Quand on parle de sécurité alimentaire, le directeur Benoist De Peyrelongue est au cœur de l’action.

Durant les 20 dernières années, la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve a élaboré puis peaufiné son programme de réinsertion socioprofessionnelle en partenariat avec Emploi-Québec, en invitant des gens éloignés du marché du travail à se former à des activités de production en cuisine.  Une mission qui est également partagée par le Mûrier.

Chaque année, 45 à 50 participants issus de divers milieux – défavorisé, carcéral, nouveaux arrivants, etc. – intègrent la formation de 6 mois de la CCHM en bénéficiant de l’accompagnement d’un intervenant. L’organisme participe donc activement au tissu d’intégration social et professionnel qui supporte chaque individu dans son cheminement.

Les participants apprennent toutes les notions et les tâches nécessaires à un travail en cuisine grâce aux différents plateaux. On leur enseigne l’hygiène en cuisine, les différentes coupes, la gestion des stocks, mais également le travail de boulange, de boucherie et de traiteur. Un service de cafétéria, installé récemment au siège social de la CSN, a également permis aux participants de saisir la dynamique d’un service qui approvisionne sur place plusieurs centaines de personnes à l’heure du lunch.

La crise a changé bien des choses

Mi-mars, les activités de traiteur et de cafétéria s’interrompent brutalement. 70 personnes à la CCHM sont mises à pied. Faut-il tout mettre sur pause? Combien de temps durera l’interruption? Et tous les participants?

Une semaine plus tard, la CCHM rappelle tout le monde; comme au Mûrier, on doit repenser les activités. Un réseau de sécurité alimentaire se crée :

« On a ramené tout le monde au travail, reformaté toute la production pour que les formateurs apprennent de nouveaux plats aux participants. Tous les plateaux de travail ont été repensés, les services traiteurs se sont transformés en préparation de plats cuisinés destinés aux familles. » – Benoist De Peyrelongue, directeur général de la CCHM 

Les participants se mettent à cuisiner pour les personnes en situation d’insécurité alimentaire. Ils utilisent leurs connaissances pour préparer 2000 à 2500 repas par semaine. La CCHM s’approvisionne grâce la mobilisation des bailleurs de fonds et d’acteurs extraordinaires comme Moisson Montréal, La Tablée des Chefs, La Cantine pour tous et le Réseau Alimentaire de L’Est de Montréal.

Pour distribuer ces repas, la CCHM s’associe à 20 organismes communautaires, 11 habitations à loyer modique (HLM) et 4 coopératives d’habitation. Ces partenaires du terrain feront le pont pour rejoindre les personnes ayant besoin d’un soutien alimentaire.

« La beauté de ce réseau, c’est que nous ne décidons pas à qui nous donnons – l’organisme du milieu connaît sa clientèle et distribue ce qu’il reçoit selon les besoins de la communauté. Nous, on alimente! »

À l’occasion de la distribution à domicile, les organismes du milieu en profitent pour créer des liens avec les gens. Cela leur permet du même coup d’identifier certaines situations précaires ou critiques, de proposer leur aide.
Pour livrer toutes ces denrées, une bande de cyclistes aguerris font bénévolement la navette entre la CCHM et les organismes. Un bal bien orchestré que vous pouvez voir dans ce reportage photo du Devoir.

Financer ces activités grâce à l’économie sociale

Pour financer toutes ces activités, les subventions ont bien aidé. Mais ces subventions, ponctuelles, s’essoufflent et ne seront peut-être pas renouvelées pour les organismes comme Le Mûrier et la CCHM. Quelles solutions ont été trouvées par la CCHM pour financer ce filet social mis en place?

Le site internet de la CCHM n’était pas conçu pour faire des transactions. En quelques mois, ils ont effectué une refonte du site web et lancé une épicerie en ligne. On y retrouve des paniers cadeaux, des paniers de fruits, de légumes ou de viande, des produits et des plats préparés. Les produits qui y sont vendus, préparés par les participants du programme de réinsertion professionnelle, servent à réaliser des profits qui sont ensuite réinvestis dans la préparation de repas pour la sécurité alimentaire.

L’achat local et l’autonomie alimentaire

Dans tout ce qu’elle fait, la CCHM souhaite mettre le développement économique au service du développement social. Quant à l’impact social visé, il n’a pas à affecter négativement la qualité du service ou du produit.

Chaque fois que c’est possible, la CCHM fait affaire avec des producteurs locaux, notamment pour tous ses produits de boucherie.  Même le sirop d’érable vient d’un commerçant du quartier!

Au printemps, un projet emballant sera lancé; une ferme au sol, en serres et sur murs verticaux sera implantée dans Hochelaga-Maisonneuve (tout près de notre service résidentiel du Toit Vert!). D’ici quelques années, on compte produire sur 300 000 pieds carrés et récolter 80 tonnes de fruits et légumes. Une part de cette production servira à la distribution au prix coûtant dans les HLM, une autre part servira à approvisionner les cuisines et l’épicerie de la CCHM.

Soutenir les activités de la CCHM

Tout au long du mois de décembre 2020, nous remettrons une carte-cadeau de 25$ à dépenser à la CCHM pour chaque don de 100$ ou plus remis au Mûrier. Une belle façon d’aider deux organismes qui agissent pour la sécurité alimentaire et la réinsertion socioprofessionnelle.

© Photos de la CCHM