Au fil de sa carrière au Mûrier, René Rivest a touché à plusieurs projets; le conseil d’administration, le lancement de la Fabrique à Bouffe en tant que cuisinier formateur, les programmes d’expérimentation à l’emploi, l’entretien de bâtiments. Le 2 juin, René Rivest prendra sa retraite après 29 ans d’emploi au Mûrier. On en a profité pour discuter avec lui du programme de pré-employabilité qu’il a particulièrement apprécié et pour lequel il a dédié 21 ans de sa vie.
Construire un programme de pré-employabilité sur mesure
Après des études universitaires en sociologie, René s’est d’abord impliqué au Mûrier en joignant son conseil d’administration. C’est peu après qu’on lui a offert un rôle d’intervenant puis de coordonnateur en entretien du bâtiment, pour piloter un programme de pré-employabilité du Mûrier qui permettait aux participants de tester leurs aptitudes à un retour sur le marché du travail.
Or à l’époque, les entreprises étaient souvent sollicitées par ce type de programme : « on offrait des stages de travail dans la communauté pour du “travail périphérique”, classer des documents, faire de petits travaux manuels ou de l’entretien ménager, etc. Comme cette formule commençait à être utilisée également par l’assurance-emploi et l’aide sociale, les employeurs que j’approchais étaient déjà tannés! Constatant qu’on n’était plus les seuls à faire ça, j’ai eu l’idée d’un programme qui serait ouvert à la clientèle habitant en appartements autonomes, aux personnes handicapées aussi. On allait leur offrir des services “clé en main” avec stagiaires pour faire des travaux manuels, avec la présence d’un intervenant. »
Avec le temps et la qualité du travail effectué, les ressources externes, l’Hôpital Louis-H. Lafontaine (maintenant l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal) et d’autres organismes communautaires se sont mis à faire appel à eux. Selon l’endroit, René ou un autre intervenant accompagnait de 3 à 9 stagiaires, pour des quarts de travail du matin ou de l’après-midi. Leurs travaux consistaient à réparer des meubles, faire des grands ménages pour remettre un appartement en état, etc.
Une occasion de se réactiver et de se rétablir
Pour les participants, il s’agissait d’une activité intégrée à leur plan de réinsertion sociale; en se réactivant dans un projet de pré-employabilité, leur processus de rétablissement s’amorçait. Plusieurs participants étaient hébergés à l’Institut Pinel ou à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine. Une fois impliqués dans ce projet, certains trouvaient la confiance de quitter l’hôpital pour déménager dans un service d’hébergement externe comme Le Mûrier. C’est ce qui est arrivé à Fabien, participant au programme pendant 18 ans et membre de notre conseil d’administration depuis 21 ans: « Quand Fabien a commencé le programme, l’objectif était de le sortir un peu de sa zone de confort et d’augmenter sa confiance en lui. Chaque jour, je l’encourageais donc à mener un projet du début à la fin; le sentiment d’accomplissement et de succès s’est bâti au fil du temps. »
Pour tous les participants en fait, le programme se voulait polyvalent et motivant :
« Ce qui m’a ancré à cet emploi pendant 21 ans, c’était leur motivation et leur croissance personnelle. On utilisait les forces de chacun, et nous étions un groupe uni. On accueillait tout le monde le matin avec un café avant de partir vers notre lieu de travail, l’ambiance était sympathique. Des amitiés fortes se sont tissées au fil du temps entre les participants. Ils voyaient plusieurs types de personnes et de milieux, ils se sentaient donc davantage sociabilisés et intégrés au sein de la collectivité. Et la nature de leur travail faisait en sorte qu’ils amélioraient à leur tour la vie des personnes vivant avec un trouble de santé mentale. Pendant leur travail, c’est comme si la maladie se dissipait un peu. »
Réorientation pour Le Mûrier et pour René
Il y a quelques années, certains de nos partenaires ont fait le choix de ne plus recevoir de stagiaires pour ce type de travaux. L’organisation du Mûrier a donc choisi de se réorienter vers les apprentissages culinaires, avec les stages à la Fabrique à Bouffe et le programme Cuisinons ensemble.
Selon René, ce fut un virage difficile pour les participants qui étaient là depuis plusieurs années. Quant à lui, il a débuté un travail d’entretien des bâtiments au Mûrier, qu’il partage aujourd’hui avec trois autres ouvriers en entretien qui font divers travaux pour les services résidentiels du Mûrier et, depuis peu, à la Maison St-Dominique.
Après des années d’expériences diversifiées au sein de l’organisation, René prendra donc une retraite bien méritée dans quelques semaines. Nous aimerions souligner son implication et son apport à notre organisation. Sa loyauté envers notre mission est une grande source d’inspiration pour tous. Pour tout cela, nous tenons à le remercier.
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