Depuis 5 ans, Benoit Ray régale les résident·es des Appartements Papineau, tout en partageant ses connaissances avec les stagiaires de la Fabrique à Bouffe. On vous présente ce passionné qui jongle habilement avec toutes les contraintes d’une cuisine communautaire de production afin qu’on mange bien ; vraiment bien.
Un parcours qui fait du sens
Quand ce cuisinier formé en France a vu l’offre de cuisinier formateur du Mûrier, ça a fait beaucoup de sens pour lui :
« Depuis très longtemps, j’avais envie de donner à mon prochain. C’est ce qui m’a poussé, de prime abord, à aller à l’étranger. Au Mûrier, j’ai vu l’occasion d’utiliser mes compétences de cuisinier pour aider les gens. Je n’avais pas d’expérience dans le domaine de la santé mentale, mais j’ai tenté le coup… et ça a bien marché ! »
C’est peu dire !
Un pilier pendant la pandémie
Benoit a été d’une grande efficacité dès son arrivée, en février 2021. La salle à manger était fermée, et il fallait cuisiner à effectif réduit pour respecter les règles sanitaires ; parmi les stagiaires, il ne restait que Chantal et George, qui s’alternaient, avec un coup de main occasionnel de membres de l’équipe du Mûrier. Ils avaient une grande responsabilité : nourrir à la fois les résident·es des Appartements Papineau du Mûrier, mais aussi de nombreux résident·es d’autres organismes communautaires de l’immeuble qui étaient à risque d’insécurité alimentaire — près de 100 repas par jour !
Heureusement, la situation est tranquillement retournée à la normale et les stagiaires sont revenu·es en cuisine.
« Les stagiaires ne viennent pas travailler en mode restaurant. En ce moment, la production moyenne de base qui est confortable pour avoir du fun et un bon rythme, qu’ils s’épanouissent et aient le temps de faire des desserts, c’est 50 repas le midi. Si on dépasse ce nombre, ce n’est plus le contexte d’expérimentation en cuisine qu’on veut mettre en place. »
Cuisiner pour apprendre à se faire confiance
En effet, en cuisine, Benoit fait bien plus que de préparer le dîner.
« L’approche que j’ai, c’est de leur transmettre des techniques qu’ils peuvent appliquer chez eux. Je les aide, les encourage. Ce sont des personnes qui manquent souvent de confiance en elles. Je trouve important de leur apprendre que l’erreur est bonne, parce qu’elle est formatrice ! Ils en tireront une leçon et ils pourront appliquer la recette en faisant beaucoup mieux. La démarche de travail avec eux est à l’opposé de la cuisine en resto : pas de démarche militaire, on est dans la pédagogique, c’est bien plus humain. »
N’est-ce pas qu’on est très loin des dictats de la productivité en restauration ?
La personne avant tout
Benoit met un point d’honneur sur ce point :
« À la Fabrique, l’idée de base – qui s’est perdue en restauration – c’est : je fais un bon plat parce que je veux faire plaisir aux gens ! On prend le temps de faire les choses, on est bien, le but c’est de faire des plats que les gens vont aimer ! Quand ils font un repas bien travaillé, technique, qu’ils voient le résultat et qu’ils trouvent ça excellent, c’est super enrichissant pour eux, ça leur montre qu’ils sont capables d’aller de l’avant, d’évoluer. Oscar ça l’a encouragé à passer le cap, il est maintenant employé! »
En tant que formateur, Benoit ne cache pas son émotion :
« Oscar et Jean-Philippe ont eu des défis, mais ils se sont épanouis dans la Fabrique; ils sont maintenant employés. C’est beau de voir les oiseaux qui sortent du nid, ça met du baume au cœur, ça fait plaisir. C’est ce qui fait que je m’épanouis dans mon travail. Je m’entends bien avec l’équipe, on rigole ensemble ; c’est très enrichissant. Je pense avoir trouvé la job qui me convient ! »
Et la bienveillance, pour lui, passe avant tout par l’écoute :
« Les stagiaires, je les laisse aller à leur vitesse, prendre le temps de faire des choses. Je les écoute, on rigole, on met de la musique : pour moi c’est important qu’ils passent un bon moment en commun, qu’ils ne sentent pas le poids de travail. Quand on est rendus au service, ils sont étonnés : ils n’ont pas vu le temps passer! »
Cuisiner dans le plaisir et pour la santé !
« Je leur demande leur avis sur les recettes, je leur fais goûter, j’échange. On cuisine de bonnes choses à partir de produits frais, dans les règles de l’art. C’est bien plus gratifiant que de faire de la purée en deux secondes à partir d’un sachet de poudre ! »
Dans ses repas, Benoit met beaucoup de légumes, provenant du Marché Maisonneuve et de Moisson Montréal.
« On pourrait faire des burgers et pogos rapidement, pour ne pas se prendre la tête, mais notre objectif, c’est d’offrir aux résidents un repas qui contribuera aussi à leur bonne santé physique et mentale ! Comme ça, s’ils se prennent un McDo à côté, ce n’est pas grave : ils ont déjà mangé 6 légumes différents dans leur repas ! »
Un métier de coeur avant tout
Benoit Ray n’est pas qu’un cuisinier : c’est un passeur. Dans sa cuisine, chaque recette devient un prétexte pour apprendre à se faire confiance, à découvrir ses forces et à partager du plaisir autour d’un repas. Sa bienveillance et sa créativité font de la Fabrique à Bouffe un véritable lieu de rétablissement et d’expérimentation par la cuisine.
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