Lorsqu’on questionne monsieur François Durand au sujet de la Maison des Papillons, il s’anime; on devine rapidement que son implication au sein du conseil d’administration de MGR, qui s’est terminée il y a un peu plus de 10 ans, a été chère à son cœur.
L’histoire des lieux
Il a accepté de partager avec nous les bribes d’histoire qu’il connaissait; située dans le quartier Saint-Michel, l’église Saint-Damase a été érigée en 1955. Elle a été en activité jusqu’en 2002, et fut acquise l’année suivante par l’association culturelle et communautaire haïtienne « La Perle retrouvée ».
C’est du côté du presbytère de l’église Saint-Damase, où se trouvait déjà selon M. Durand plusieurs chambres pour les curés, que fut aménagée la maison MGR en avril 1994. Comme la Maison des Papillons par la suite, elle était un foyer de groupe destiné aux jeunes vivant avec un trouble de santé mentale. Un des membres fondateurs de cette maison serait monsieur Jacques Forté, qui a ensuite invité son ami et voisin Ronald Bélisle à se joindre au conseil d’administration. Un an ou deux plus tard, monsieur Bélisle invitait deux anciens collègues marguilliers de cette paroisse à se joindre à lui: M. Michel Poirier et M. Durand.
Ici, parenthèse; vous vous demandez peut-être comme nous ce qu’est un marguillier. Traditionnellement, cette fonction occupée par un laïc pouvait couvrir les tâches d’entretien de l’église et de ses locaux, d’administration des biens de la paroisse, de tenue du registre de la paroisse ainsi que la préparation des affaires qui doivent être portées au conseil.
Toujours en lien avec l’église, d’après José, un des plus anciens employés issus de la Maison MGR (il y a été embauché en octobre 1994), le nom de l’organisme aurait d’abord fait référence à « Monseigneur » (MGR), pour ensuite être associé au nom plus laïc de « Maison Groupe Renaissance ».
De la Maison MGR à la Maison des Papillons
À l’époque, l’organisme MGR était dirigé par Mme Ghislaine Poirier. On y proposait diverses activités de réinsertion sociale pour les résidents et résidentes, qui restaient en moyenne 5 ou 6 ans pour se rétablir et acquérir de l’autonomie; durant cette période, et selon la progression de chacun(e), on évaluait si la personne était prête à déménager dans un service résidentiel différent, avec plus ou moins d’autonomie.
En 2007 débutèrent les pourparlers pour transférer la gestion de la Maison MGR à l’organisme Le Mûrier. C’est fait en 2008, et une employée du Mûrier intègre le conseil d’administration: c’est Guylaine de Tonnancour, qui était à l’époque coordonnatrice au Jalon. La transition administrative prend du temps mais se fait assez bien, et certains membres du personnel conservent leur poste à la Maison des Papillons, dont Ghislaine Poirier, José et Flora. Éventuellement, Guylaine Bergeron remplacera Mme Poirier et deviendra coordonnatrice à la Maison des Papillons.
Elle raconte : « Au début, l’équipe en place travaillait par programme, donc tout le monde faisait la même chose en même temps. Lorsqu’on a intégré les plans individuels, ça a été une adaptation pour les intervenants. Mais avec le temps on est parvenu à créer une belle cohésion et collaboration dans l’équipe et entre les résidents. Au cours des dernières années, une dynamique de groupe s’était installée, certains prenaient le lead, nous supportaient dans nos interventions, c’était beau de voir ça! »
Tisser des liens
Flora, embauchée en 2005, a aussi a été marquée par l’évolution de certains: « Avec eux, on travaillait le ménage, on préparait la bouffe, chacun avait sa tâche à faire à chaque repas. Leur autonomie peut progresser de manière impressionnante au fil du temps. Pendant leur séjour à la Maison des Papillons, certains jeunes ont commencé ou repris l’école. L’un d’eux est d’ailleurs devenu préposé aux bénéficiaires. »
José, qui a fait sa formation en communication puis en psychologie, renchérit : « Ce que j’ai toujours aimé, c’est de pouvoir aider les gens à sortir de la délinquance, de la drogue et l’alcool, à se rétablir de la schizophrénie. Avec l’accompagnement et la réinsertion sociale qu’on leur offre, ces jeunes peuvent commencer ou reprendre le travail ou les études; beaucoup sont très motivés. »
Comme partout ailleurs, la pandémie a affecté les résidents et résidentes de la Maison des Papillons. Pour ces jeunes en foyer de groupe, les règles de confinement ont pesé lourd sur leur moral. Mais ils se sont également soutenus dans cette épreuve, partageant leurs expériences. Guylaine Bergeron se rappelle d’un résident qui a transmis une belle leçon de vie à une plus jeune; en racontant son parcours, il en était venu à la conclusion que tout était temporaire et finissait par passer. Cet homme avait appris cette leçon à la dure, et le fait qu’il soit maintenant rendu à l’étape de transmettre cet apprentissage à d’autres démontrait une belle sagesse.
Cette belle dynamique de groupe se reflétait également dans les tâches extérieures; « c’est le temps de ramasser les feuilles, où sont les râteaux? ». Dans diverses tâches de ce genre, les résidents démontraient qu’ils avaient un sentiment d’appartenance envers leur milieu de vie, et qu’ils étaient prêts à en assumer leur part de responsabilité.
Ils prenaient également soin les uns des autres; Guylaine nous raconte qu’à une occasion, ça a même sauvé la vie d’un des résidents. Ce dernier n’osait pas parler de ses malaises, mais les autres résidents s’en sont rendus compte et ont tenu à en aviser Guylaine; heureusement, car il faisait une grave appendicite! Elle est heureuse qu’ils aient été là pour lui.
La préparation aux changements
Dans la dernière année, la coordination a été prise en charge par Nadia Juin, membre de la relève de l’équipe de direction. Elle est fière des initiatives qu’elle a prises pendant son mandat, notamment au niveau des menus et de l’organisation des repas pour qu’ils correspondent aux goûts des résidents. Lorsque les rénovations ont été annoncées, les départs se sont effectués graduellement, certains avec plus de facilité que d’autres. Plusieurs espèrent revenir aux termes des travaux, qui devraient durer 2 ans.
En attendant les différentes autorisations, la Maison des Papillons est occupée par l’administration. Les rénovations devraient être entamées au début de 2022. Flora, qui travaille maintenant au Jalon, est enthousiaste face au projet et à l’espace qu’on y gagnera. Elle se réjouit également du fait qu’il y aura un espace réservé aux habitations à loyer modique.
Commentaires récents