La constance dans la vie de Danny, selon sa sœur Lynda, c’est le soutien qu’il a reçu de sa famille. Sa mère l‘a épaulé jusqu’à ce qu’elle décède. Puis, une de ses sœurs a pris le relais et l’a aidé, à deux reprises, à se loger. C’est ensuite au Mûrier qu’il a passé les dernières années de sa vie; sa sœur Lynda en est très reconnaissante et a souhaité témoigner du parcours de son « quasi-jumeau ».  

L’affection de sa famille

Lynda a toujours eu un lien très fort avec sa famille, et notamment avec son frère Danny. Celui-ci n’avait que 10 mois de plus qu’elle; ils se considéraient donc comme “quasi-jumeaux”, par la grande proximité d’âge et la complicité qui les unissaient. « À 5 ans, il m’a même sauvé la vie! Je m’étais assise en plein milieu d’une très rue passante. Lorsque ma mère m’a vue, ça a alerté mon frère, qui a couru pour venir me chercher. Il devait avoir à peine 6 ans! »  

Danny a eu son premier épisode psychotique à l’âge de 17 ans. « Ma maman a vécu plusieurs épisodes avec Danny; elle a été très courageuse et patiente, mais elle a aussi beaucoup pleuré ». Au fil des années, il a été hospitalisé et a vécu à plusieurs endroits; dans le sous-sol aménagé de la Paroisse Saint-Clément, dans un appartement au balcon dangereux dans Hochelaga-Maisonneuve… jusqu’à ce qu’il arrive aux Appartements Papineau du Mûrier.  

S’entourer et gagner en autonomie aux Appartements Papineau

« Alors qu’il était encore en logement dans Hochelaga, on lui a offert une place au Mûrier. Il était en train d’être stabilisé, au niveau de sa maladie. Il a vécu un certain stress d’adaptation, et il avait de la difficulté à entretenir son studio, mais il a fini par se sentir très bien. C’était une très bonne chose pour lui d’habiter là-bas. Les intervenants ont été très patients et très gentils avec lui. » Elle tient d’ailleurs à les en remercier, car ça l’a beaucoup touchée de voir qu’on prenait bien soin de son frère.  

Grâce à leur soutien et à propres ses efforts, Danny devenait plus autonome, payait ses comptes et se soignait. « Ils l’ont beaucoup aidé, au niveau psychologique. Ils l’aidaient à s’organiser et à se rétablir. Danny prenait un café dans salle communautaire avec les autres, il avait des rencontres…On le sentait bien supporté et bien entouré. Il y a eu beaucoup d’améliorations une fois qu’il a joint Le Mûrier.» 

Il s’impliquait dans sa communauté en faisant du bénévolat auprès des personnes âgées et des religieuses ; Lynda affirme qu’il y était très apprécié : « Elles l’aimaient beaucoup! Danny était un doux, il était très bon pour écouter. Et quand il parlait, c’était pour dire quelque chose d’intelligent. Il était très intelligent! » Malheureusement, lorsque les responsables ont appris qu’il vivait avec la schizophrénie, il n’était plus le bienvenu… selon Lynda, cette stigmatisation a été très dure à vivre pour son frère.  

Quand la maladie physique frappe à son tour… 

Pendant ses années au Mûrier, Danny s’est fait un bon ami qui habitait tout près, quoique à l’extérieur du Mûrier. Ils se rejoignaient presque tous les jours à un petit restaurant du quartier. Au fil des années, Danny a été frappé par deux fois par le cancer de l’oesophage; après une opération et des traitements, le cancer est revenu 2 ans plus tard. Hasard de la vie, son ami a eu le cancer au même moment. « Leur lien d’amitié était très important dans la solitude vécue à cause de la maladie mentale, puis physique. Ils étaient hospitalisés en même temps, et écoutaient les parties de hockey ensemble au téléphone. Chacun disait qu’il ne voulait pas mourir avant l’autre… » 

Pendant son hospitalisation, les intervenants et intervenantes du Mûrier ont visité Danny, ce qui a beaucoup touché la famille : « Les intervenants sont venus le voir à l’hôpital, ils étaient tellement généreux et humains.»

Le 19 avril 2010, à l’âge de 51 ans, Danny est décédé. Sa sœur Lynda et son frère étaient avec lui. Au mois d’octobre suivant, son autre frère a appris qu’il avait un cancer incurable des poumons. Il est décédé en 2011. Puis sa petite sœur s’est vue diagnostiquée un cancer du cerveau incurable, elle en est décédée en 2012.  

Espoir et gratitude, malgré les épreuves

Les deuils familiaux ont émaillé la vie de Lynda. Sa famille lui manque, mais elle fait preuve de résilience. Elle se rappelle avec nostalgie mais aussi avec bonheur des heures qu’elle passait à parler au téléphone avec Danny. 

Elle ressent beaucoup de gratitude envers les organismes comme le nôtre; « s’il n’y avait pas organismes comme Le Mûrier, je ne sais pas où seraient les personnes vivant avec un trouble de santé mentale! Toutes n’ont pas la chance d’avoir une famille proche pour prendre soin d’elles.» Elle souligne l’évolution et toutes les améliorations au Mûrier, dont elle a pu avoir vent grâce à notre infolettre : « J’aurais aimé que Danny puisse en profiter! Mais je ne suis pas amère; avec ce qui leur arrive dans la vie, tous les jours, les personnes qui vivent avec un trouble de santé mentale méritent tout ce qui s’est amélioré ces dernières années chez vous! » 

Elle tenait également, par son témoignage, à transmettre un message d’espoir: « Avant d’avoir son cancer, Danny allait bien, il était autonome et avait une belle qualité de vie. C’est donc possible d’avoir la schizophrénie et d’être bien. J’aimerais que les gens le sachent et entretiennent cet espoir. »