Kelly ne manque pas d’initiative, c’est le moins qu’on puisse dire!  

Rejointe par un jeudi un peu gris, on apprend avec surprise qu’elle est au gym avec une résidente afin de l’initier aux activités physiques. Pourquoi est-ce étonnant? Parce que Kelly est cuisinière-formatrice pour le programme Cuisinons ensemble du Jalon. Son rôle est donc d’initier les résidentes aux apprentissages en cuisine, de les aider à gérer leur budget, à planifier et à effectuer des achats et des recettes.  

Mais visiblement, Kelly a décidé d’aller au-delà de sa définition de tâches. Elle profite de toutes les occasions pour transmettre des connaissances et promouvoir de saines habitudes de vie; jardin de fleurs, potager qu’elles ont entretenu tout l’été, visite d’une boulangerie locale, ateliers avec les denrées reçues de Moisson Montréal, activités de vide-frigo pour cuisiner avec ce qu’on a sous la main, BBQ….et gym.  

À son invitation, plusieurs résidentes du Jalon se sont d’ailleurs inscrites; « Juste pour bouger un peu! Des fois on reste encabanées et ce n’est pas facile de trouver comment gérer nos émotions. On a commencé par marcher, elles ont embarqué… puis je leur ai proposé l’idée du gym, et elles ont embarqué aussi! » 

Enseigner, rassurer, et entretenir la notion de plaisir

Depuis le début de la pandémie, en respectant les règles de distanciation sociale, elle a animé des ateliers individuels et de groupe sur l’hygiène en cuisine, la conservation des aliments, la coupe de légumes, la cuisson des viandes, la préparation de recettes simples et diversifiées. Mais elle souhaite surtout leur transmettre que la nourriture, c’est d’abord du plaisir. Dans le cadre de ces activités, elles ont abordé ce qu’est une portion, les bienfaits des fibres, de bien manger, de bouger, mais sans axer la discussion sur la perte de poids. À preuve, elle prend plaisir à préparer de temps à autre des gâteaux avec de la crème 35%…. Et personne ne s’en plaint! 

Il arrive que ces activités sortent les résidentes de leur zone de confort. Kelly sait les rassurer; « on est là pour apprendre, il ne faut pas avoir peur de faire une erreur ou de faire brûler le repas! ». L’objectif est aussi d’explorer de nouveaux goûts. Parfois c’est un succès, d’autres fois moins… « On a appris à faire de la lasagne à la viande…comme on avait reçu un don de fauxmage, on a aussi préparé une lasagne végétalienne… les filles n’ont pas beaucoup aimé ça! Depuis, elles me surveillent pour voir si je vais passer en cachette ce qu’il nous reste de fauxmage! » nous confie-t-elle en riant.  

Briser l’isolement en préparant le repas ensemble

Au fil de ces initiatives, Kelly souhaite aussi contribuer à tisser des liens entre les résidentes. « Pendant la pandémie, elles étaient un peu plus anxieuses, on a parlé de la gestion des émotions, des moyens pour se calmer. On a développé l’appartenance au groupe en faisant des recettes ensemble, pour apprendre à communiquer malgré nos différences, sans se juger. Les ateliers les amènent plus loin. » Lors des journées causeries, elles s’assoient, mangent et parlent ensemble en se partageant leurs bons coups, que ce soit d’avoir préparé un repas, lavé son plancher, passé une bonne journée à l’école ou au Paas-action, ou alors d’avoir pris soin de soi. 

Toujours pour éveiller le plaisir de bouger et d’être ensemble, Kelly a organisé de l’aérobie à l’extérieur. Du dessin, pour se faire du bien. La décoration de citrouilles en vue de l’Halloween, pour embellir leur milieu de vie. Pour l’intervenante, il est important que les résidentes puissent sortir de l’inconfort et des tabous liés aux problèmes de santé mentale, la médication et la fatigue; « parfois, ça fait du bien de sortir de ça, d’en parler, ou de parler d’autres choses. »  

Un automne bien chargé!

Kelly a déjà plein de projets pour les semaines à venir; compléter leur “mois santé”, où elles s’étaient donné le défi de bouger (méditation, étirements, marche) 30 minutes par jour – il y aura des tirages pour célébrer leurs efforts. Une visite au Marché Jean-Talon pour acheter d’autres citrouilles et apprendre à les cuisiner. Une fête d’Halloween est aussi en préparation.  

En fait, Kelly parle déjà de la dinde du temps des Fêtes; on entend la fierté dans sa voix quand elle dit que les résidentes sauront comment s’y prendre, avec ce qu’elles ont appris dans les derniers mois. Acquérir de l’autonomie, ça n’a pas de prix.  

Sabina au Jardin botanique
Résident au Jardin botanique
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