À la Fabrique à Bouffe, l’ambiance est à la fois studieuse et joyeuse. Sous la supervision de Benoit Ray, les stagiaires apprennent à cuisiner dans une atmosphère conviviale où l’expérimentation, la fierté et la curiosité sont des ingrédients essentiels.
Des apprentissages utiles pour la vie courante
L’enseignement de la sécurité alimentaire, ça passe par toutes sortes de notions !
« Vu le coût de la vie, ils ont un budget réduit. Je leur transmets beaucoup de trucs pour économiser, qu’ils ne connaissent pas nécessairement : récupérer le jus de la viande pour faire des sauces, par exemple. Ils ignoraient que c’était possible, ça leur apprend des techniques pour donner un bon goût aux plats, et pour économiser et l’appliquer chez eux. D’ailleurs je les vois évoluer, s’appliquer, et essayer les recettes à la maison ! » – Benoit Ray, chef cuisinier et formateur
Tout naturellement, les apprentissages des stagiaires profitent aux résident·es qui viennent chercher leur repas.
« Les résidents ne savent pas nécessairement se faire à manger. Quand ils arrivent dans la salle à manger, ils trouvent que ça sent bon. Le fait de manger un bon repas préparé avec soin, ça les fait sourire ! Ils repartent le ventre bien rempli, heureux, en nous remerciant. C’est là qu’on sent qu’on ne fait pas ça pour rien ! Tout le monde en tire de la joie, ceux qui préparent et ceux qui mangent ! Je suis assez heureux d’être ici. »
Pour vous mettre l’eau à la bouche…
Quelques exemples des bons petits plats concoctés par Benoit et les stagiaires ? Laissons-le les décrire lui-même ; c’est peut-être parce qu’il est Français, ou cuisinier… mais il a l’art de donner des détails alléchants !
« Un plat qu’on ne peut plus enlever du menu, c’est le bœuf bourguignon ! Ils se régalent, réussite totale. J’assaisonne bien, je mets beaucoup de légumes : poireaux, carottes, oignons… je laisse bien mijoter le temps qu’il faut, et quand la viande se défait toute seule, on la met sur de vraies patates pilées maison, avec la sauce nappée par-dessus ! »
Pour Benoit, c’est important de trouver des solutions pour maintenir une offre alimentaire variée selon leurs moyens. Avant, le budget permettait parfois de servir de la bavette de bœuf.
« C’est plus onéreux, on en fait moins souvent. On marque la viande en cuisson, on la finit au four, et on fait une sauce aux champignons et des patates pilées pendant ce temps. La viande est tendre. C’est le genre de choses que les résidents ne peuvent pas faire eux-mêmes à la maison, parce que c’est trop coûteux. »
D’accord pour la viande, mais le poisson, comment ça se passe ? À la Fabrique à Bouffe, c’est populaire parce qu’ils ont trouvé une recette qui marche. La preuve, plus personne ne veut de poisson pané !
« Avant les résidents boudaient le poisson. J’ai trouvé une recette de saumon qu’ils ont accrochée : le saumon est mariné dans le citron, l’huile d’olive, le vin blanc, l’aneth et l’estragon. On réalise un mijoté de légumes, on met les légumes dans l’insertion, les légumes sont tendres dans leur jus, le poisson a mariné : je le mets par-dessus, je mets à cuisson longue au four ; c’est la vapeur des légumes qui cuit le saumon, il reste tendre. On réalise une sauce citronnée écrémée avec les mêmes herbes, et on nappe le poisson avec. »
De la technique…et de la curiosité!
Recettes trop compliquées pour les stagiaires ? Pas du tout !
« S’ils n’étaient pas capables, on resterait dans les bases, évidemment. Mais ils ont tellement progressé et évolué que j’en suis rendu à intégrer des recettes de resto ! On est rendus à faire des choses maison bien travaillées, dans les temps, sans stress. Tout se passe bien et ils se régalent car ils ne font pas du surgelé fait à la va-vite ! C’est tout l’objectif de la Fabrique ! »
Et les desserts ? Bien sûr qu’ils ont le temps !
« Pour les desserts, ce que les résidents préfèrent, ce sont les profiteroles : ils capotent ! On fait la pâte à chou en cuisine avec les stagiaires, ils adorent faire ça. Ils deviennent gourmands ! Ça marche très bien ! Je leur transmets des connaissances en pâtisserie, on fait de la crème glacée, du pain, des truffes…plein de petits détails qu’ils essaient ensuite chez eux. Parfois ils reviennent avec des photos pour nous montrer le résultat ! Les pâtisseries et les biscuits, ça coûte cher en commerce et c’est souvent plein de gras ; le fait de le préparer et de le manger à la cuisine, ils se régalent. On a déjà fait un fraisier maison de A à Z; je vais les toucher par leur côté gourmand ! Ça pique aussi leur curiosité ; et la curiosité, ça soulève des montagnes ! Ça leur donne envie et l’énergie pour continuer ! »
Le goût d’apprendre, ensemble
« Je les trouve courageux ! Les gens ont parfois des préjugés envers mes participants : ils n’ont pas toujours la bonne attitude avec eux. Je crois qu’il est important de ne pas les victimiser ni de les mettre dans une case — ils veulent simplement être traités comme du monde ! Les traiter humainement, d’égal à égal, ça leur donne du courage et de la force. Et ça les fait progresser, comme ce fut le cas pour Oscar et dernièrement pour Jean-Philippe. »
À la Fabrique à Bouffe, on apprend bien plus que des recettes : on apprend à collaborer, à faire preuve de rigueur et de curiosité, à s’étonner de ce qu’on est capable de créer ensemble. Autant d’ingrédients essentiels à la santé et au mieux-être de toute la communauté.
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